Bordeaux historique : les secrets des quartiers médiévaux

Derrière la splendeur cossue de la place de la Bourse, témoin de l’âge d’or de Bordeaux au 18e, se cache le cœur plus ancien de la ville. Les ruelles et bâtisses y content le passé médiéval de la capitale du vin, sur l’emplacement de l’antique Burdigala.

Durant longtemps, la cité médiévale de Bordeaux est protégée par les remparts de la ville, à l’emplacement même du castrum où les habitants s’étaient réfugiés durant les invasions barbares des premiers siècles de notre ère.

En 1743, une première brèche est faite dans ces remparts avec la création de la place de la Bourse, alors place Royale, qui ouvre la ville sur le port. La muraille médiévale continuera ensuite de disparaître au profit de la rue Royale et de l’actuelle place du Parlement.

Du Moyen Âge, subsistent aujourd’hui à Bordeaux des demeures à pans de bois, des portes défensives, des fontaines, un important patrimoine religieux et des noms de rue évocateurs.

Le vieux Bordeaux figure naturellement dans l’ensemble urbain inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Il est constitué de plusieurs quartiers, vestiges des anciennes paroisses médiévales : Saint-Pierre, Saint-Michel, Sainte-Croix et Saint-Éloi.

Saint-Pierre

Plus vieux de la ville, le quartier Saint-Pierre tire ses origines de l’époque gallo-romaine. Le secteur abritait alors le port intérieur de la cité, alimenté par la Devèze, affluent de la Garonne. Les bateaux chargés de marchandises pouvaient ainsi débarquer à l’abri des attaques. Nombreux autour de ce port, les commerçants prospéraient. L’entrée du port correspond à l’actuelle place Saint-Pierre, qui porte d’ailleurs le nom du saint patron des pêcheurs ! Le port intérieur est remblayé au cours du Moyen Âge et des enceintes sont construites pour protéger les habitants. Mais le quartier Saint-Pierre conserve sa vocation commerçante et son animation !

Saint-Michel

Autre quartier emblématique de Bordeaux, lui aussi situé dans le secteur sauvegardé, Saint-Michel est situé entre la Garonne et la gare Saint-Jean, au sud du cours Victor-Hugo. Au cœur du quartier, la basilique Saint-Michel a été édifiée entre le 14e et le 16e siècle, sur les boues de l’ancien port intérieur.  Dans ce quartier historiquement artisan, les rues arborent les noms gascons des métiers de l’époque : rue des Faures (forgerons), rue Carpenteyre (charpentiers), rue de la Fusterie (fûtiers). C’est aujourd’hui l’un des quartiers les plus populaires et cosmopolites du centre de Bordeaux. Tous les samedis, on y vient pour le marché, le plus grand et animé de la ville avec ses 160 étals environ.  

Sainte-Croix

À proximité du marché des Capucins, le quartier Sainte-Croix s’articule autour de l’église éponyme, ancienne abbatiale d’un monastère bénédictin construite entre le 11e et le 12e siècle. Au Moyen Âge et à la Renaissance, le quartier Sainte-Croix était un faubourg populaire qui abritait de nombreuses petites manufactures et ateliers d’artisanat : potiers, cordiers, cordonniers et tanneurs. Des raffineries de sucre s’y installent au 16e. Au 18e, sous l’intendance de Tourny, le secteur change de physionomie avec la construction de l’Hôtel de la frappe de la Monnaie et des belles maisons où logent alors les officiers de la Monnaie. Aujourd’hui, c’est un quartier d’art et de culture, qui rassemble les étudiants des Beaux-Arts, les musiciens du conservatoire et les comédiens du Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine (TNBA).

Saint-Éloi

Le quartier s’est développé à partir du 12e siècle, autour de l’église de la Jurade de Bordeaux, bâtie contre le mur d’enceinte et accolée à l’arche de la Grosse Cloche. De petit faubourg, il est devenu le cœur politique et économique de la cité. Parmi les lieux les plus attachants du centre bordelais, Saint-Éloi regorge de restaurants et brasseries, de cafés bohèmes et de commerces alternatifs. De la rue Saint-James à la place Fernand-Lafargue, le secteur recèle parmi les meilleures adresses de Bordeaux pour faire du shopping ou se régaler.

Du quartier Saint-Pierre jusqu'à Saint-Éloi, le centre historique de Bordeaux est riche d’un inestimable patrimoine bâti. Quelques-uns des monuments les plus emblématiques de la métropole sont situés dans ce secteur.

La porte Cailhau

Entrée royale dans la cité, la porte Cailhau est bâtie à la fin du 15e en commémoration de la victoire de Charles VIII à Fornoue. Haute de 35 mètres, cette grande structure défensive est alors intégrée aux murailles de la ville. La tour se visite, offrant depuis ses différents étages une vue superbe sur la Garonne, le pont de Pierre et les toits de Bordeaux. Les pièces de la tour abritent une scénographie passionnante autour des secrets de Bordeaux au Moyen Âge.

La basilique Saint-Michel et sa flèche

Site iconique en Gironde, la basilique Saint-Michel est un chef-d’œuvre du gothique flamboyant. Sa flèche, construite à l’écart comme celle de la cathédrale Saint-André, culmine à 114 mètres de hauteur. L’ascension de ses 235 marches est récompensée par un panorama sublime sur le très animé quartier Saint-Michel, sur le fleuve et sur l’ensemble du centre historique de Bordeaux. Longtemps, la crypte du clocher a abrité une étonnante collection de momies : des corps du cimetière paroissial, conservés grâce à la terre argileuse et exhumés au 19e lors de travaux d’aménagement de la place.

La Grosse Cloche

Au début de la rue Saint-James, la Grosse Cloche est un édifice emblématique de Bordeaux, tout à la fois beffroi de la cité, prison et passage dans les remparts. Il s’agit d’un des plus vieux beffrois de France, et du seul vestige des murailles bordelaises. Ses cloches rythment la vie des Bordelais depuis le Moyen Âge. Il a été construit sur les bases de la porte Saint-Éloi, dans le style gothique. Les dimensions et le poids de la cloche présentant un risque pour l’intégrité de l’édifice lui-même et du bâti alentour, elle ne sonne désormais plus que pour les grandes occasions !